Le temple d’Arés, fouillé en 1937, est l’un des quatre monuments importants qui ont été transférés sur l’Agora pendant la période augustéenne. Il s’agit d’un temple typique de l’apogée de l’architecture athénienne au Ve siècle av. J.-C. Il a probablement été transporté de Mésogée et non d’Acharnes, comme on l’avait cru jusqu’à présent. Aujourd’hui, il est conservé dans un très mauvais état.
L’espace triangulaire central formé entre la Stoa moyenne, la rue Panathénaïque et la rue longeant le côté est de l’Agora, avec les bâtiments dédiés au culte des dieux et à l’administration de la ville, a acquis une nouvelle utilisation après la fondation de l’Agora romaine, à l’époque d’Auguste. Ainsi, la zone était principalement couverte de bâtiments de temples transférés d’autres endroits (le temple d’Arès, l’autel de Zeus Agoraios, le temple SE, le temple SO), mais aussi de l’énorme odéon d’Agrippa.
Du temple, il ne reste qu’une partie des fondations, à l’extrémité est du stéréobate. Il s’agit de pierres en tuf en second usage, posées sur une couche de pierres cassées. Pour le reste, la forme de l’édifice, telle qu’elle a été révélée par la fouille, est suggérée par l’entaille faite dans la roche lors de sa mise en place.
Le temple a été démonté et transporté intact sur l’Agora d’Athènes à l’époque augustéenne. Dans le passé, on pensait qu’il avait été transféré de la municipalité d’Acharnes, où les sources mentionnent un temple important et un culte général d’Arès. Cependant, des recherches récentes ont montré que ce n’était pas le cas. L’opinion de Manolis Korres, qui estime que le temple a été transféré de Mésogée, et plus précisément de Pallini (où il était dédié à Athéna), semble plus vraisemblable. D’autres points de vue (selon lesquels le temple se trouvait à un endroit de la ville ou même de l’agora) ne sont absolument pas étayés. De toute évidence, le transfert du temple et sa dédicace à Arès sont liés au culte de la famille impériale : le petit-fils d’Auguste, Caius, très populaire en Orient, était vénéré en Grèce sous le surnom de « Nouvel Arès », comme l’atteste une inscription de l’an 2 après J.-C., probablement liée à la re-dédicace du temple (IG II² 3250). Cette identification a sans doute donné un coup de fouet au culte d’Arès dans l’Empire romain d’Orient, d’autant que l’une des divinités qu’Auguste a particulièrement encouragée à Rome même était Mars Ultor.
L’idée du transfert est basée sur le fait que sur un grand nombre des 200 éléments architecturaux de la superstructure (identifiables grâce au marbre péntelique caractéristique avec des veines de chlorite gris-verdâtre), qui ont été trouvés dans un large rayon dans la zone de l’Agora, on a conservé des marques tectoniques gravées, qui ont guidé les constructeurs de l’époque romaine sur la position qu’ils devaient prendre pendant le remontage du temple.
Parmi les quatre tympans de colonnes conservés, l’un a été trouvé près du temple, le second à l’extrémité sud-ouest de l’Agora (il est aujourd’hui intégré à la colonne nord restaurée du pronaos de l’Héphaïstéion), tandis que les deux autres ont été utilisés plus tard comme ribe. Des pièces provenant de toutes les parties du temple ont également été retrouvées (triglyphes, chapiteaux, architrave, carreaux de marbre, etc.), ce qui met en évidence la conception et le style du temple.
Dans la même zone, le bandeau décoratif du temple de Poséidon de Sounion a également été retrouvé. Il semble qu’il ait été déplacé ici pour être placé dans le temple d’Arès.
Le temple est un exemple typique de l’architecture athénienne du troisième quart du Ve siècle av. J.-C. Il est l’une des quatre œuvres conservées de celui que l’on appelle « l’architecte d’Héphaïstéion », et même la troisième chronologiquement, puisqu’elle date de 436-432 avant J.-C., c’est-à-dire au milieu du programme du Périclès. Les trois autres temples sont, par ordre de construction, l’Héphaïstéion (449-444 av. J.-C.), le temple de Poséidon à Sounion et, plus tard, le temple de Némésis à Rhamnonte (432 av. J.-C.). En termes de conception et d’exécution de la construction, le temple d’Arès est plus proche de l’Héphaïstéion.
Bien que la partie inférieure des frontons ait été renforcée pour y placer des sculptures, il n’y a aucun exemple de décoration sculpturale en relief dans les fragments qui ont survécu. Il est possible qu’une sculpture fragmentaire en marbre, dont des parties ont été mises au jour lors de l’ouverture de la tranchée du chemin de fer électrique en 1891 et lors des fouilles de 1951, ait appartenu au temple en tant qu’ acrotère. Il s’agit d’une figure féminine sans ailes se déplaçant vers le spectateur.
Le temple d’Arès a été détruit en 267 après J.-C., lors du raid des Hérules sur Athènes. D’importantes parties de la superstructure en marbre pentélique ont été intégrées à la muraille romaine tardive. Sa destruction n’a cependant pas été totale, puisqu’elle a été partiellement incorporée dans la villa romaine tardive ou le gymnase du Ve siècle après JC.
Les fondations de l’autel d’Arès, à environ 10 m devant la façade du temple du dieu, sont tout ce qui reste aujourd’hui du monument.